Le piment ne tue pas... Il peut rapporter gros !
- Jacques Bleuze
- 4 févr. 2017
- 2 min de lecture

Les prix atteignent leur plus haut niveau depuis 2011. Le pouvoir d'achat des Tunisiens ne cesse de baisser. Et le piment se transforme... en or
Face à la hausse des prix - qui s'explique par le manque de transparence et de contrôle des autorités, le manque de production lié au climat et une politique de l'exclusivité dénoncée par les syndicats -, le gouvernement tunisien fait la sourde oreille.
En défense, le ministre du Commerce et de l'Industrie prétend le contraire : « Les opérations de surveillance des prix se poursuivent », affirme Zied Laâdhari. « La baisse de production, liée aux conditions climatiques enregistrées ces dernières semaines, conduit à réduire l'offre, ce qui justifie la hausse des prix », assure-t-il.
A cela s'ajoutent le manque évident de mesures en faveur des agriculteurs sinistrés et le dérèglement du marché.
Résultat : les prix grimpent. Aujourd'hui, il faut compter 3 TDN (1,20 €) le kilo de tomates et 4 TDN (1,60 €) le kilo de piment, qui deviennent des denrées... de luxe.
Quand la marchandise se fait rare
La pression de la demande a une forte conséquence sur les prix proposés, d'autant plus que la marchandise se fait rare. Ainsi, le marché de gros de Bir El Kasâa (le Rungis tunisien, NDLR) a reçu moins de 2 000 tonnes de tomates en janvier dernier contre près de 3 000 pour la même période de 2016.
« La hausse des prix est donc justifiée », commente le ministre du Commerce et de l'Industrie.
« Ne pas consommer de salade tunisienne pendant deux mois n'a jamais tué personne ! »
Afin de ramener les prix à la raison, vingt tonnes de tomates et piments ont été importées de Libye afin de pallier le manque de l'offre.
Sauf qu'il ne s'agit pas simplement d'une hausse conjoncturelle, mais plutôt d'une multiplication des prix par... quatre !
Le piment, un joli pactole
Ainsi, le kilo de courgettes coûte à ce jour 4,200 TND (1,70 €) et la botte de persil 0,500 TND (0,20 €). Sans parler de des fruits ou de la viande...
« Est-ce bien nécessaire de manger des tomates et du poivron ? », s'interroge le président de l'Union tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche (Utap). « Ne pas consommer de salade tunisienne pendant deux mois n'a jamais tué personne ! », souligne Abdelmajid Zar.
Tuer, non ! Mais inciter à des actes de délinquance... Oui ! La preuve : un commerçant de Kairouan s'est fait voler 90 kg de piments. A 4 TND/kg, cela représente quand même un joli butin : 36 000 TND (14 575 €)...
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