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Une élection à l'italienne

  • Photo du rédacteur: Jacques Bleuze
    Jacques Bleuze
  • 11 oct. 2019
  • 2 min de lecture

mediafrancepresse - Le choc des politiques : Nabil Karoui (à gauche) face à  Kaïs Saïed

Un ultra-conservateur face à un homme de TV divertissement. Les Tunisiens trancheront. Entre des promesses sur papier glacé et du pain rassi...


De l'élection présidentielle tunisienne, qui scellera le sort de tous les Tunisiens, ces derniers s'en accommoderont. La vérité sortant des urnes, ils applaudiront. D'autres pleureront. Après, le temps de la contestation viendra... Et l'histoire recommencera.


À l'issue du premier tour de l'élection présidentielle tunisienne, le conservateur Kaïs Saïed a recueilli 18,4 % des suffrages. Dimanche 13 octobre 2019, Il affronte l'homme d'affaires Nabil Karoui (15,6 %). Tout les oppose.Leur sort est scellé et les dés sont jetés...


Quelle que soit la vérité sortie des urnes, la Tunisie devra composer avec.


Sur fond d'affaire judiciaire (condamné à une peine d'emprisonnement pour blanchiment d'argent, évasion fiscale...puis libéré in extremis), le challenger de Kaïs Saïed entend reprendre la main pour se faire « entendre ». Aux seules fins d'être entendu, Nabil Karoui propose de « reporter » le scrutin présidentiel, afin qu'il soit « écouter » et « comparer » à son adversaire.


De l'aspirateur à l'inspiration

Nabil Karoui (56 ans) - le Silvio Berlusconi tunisien -, est le fondateur de la chaîne télé Nessma TV. Spécialisée dans le divertissement jusqu'à la Révolution du Jasmin, qui a conduit à l'exil de Ben Ali, elle s'est convertie depuis à l'information, passant de l'aspirateur à l'inspiration...

Libéral et moderniste, Nabil Karoui entend « attirer les investissements étrangers » en Tunisie. Ce qu'il attire d'abord, ce sont les millions de dollars qui lui ont servi à financer sa campagne électorale à l'étranger, dépassant les limites autorisées en Tunisie.

À peine sorti de prison, il accuse son rival « anti-système » (Kaïs Saïed, 61 ans) d'appartenance à Ennahdha (islamiste).


Zorro contre Kaïs Zéro

Ce dimanche, Nabil Karoui fait face au « candidat Zéro ». Aucune aide. Zéro moyens. Austère. « Inexpressif » selon certains observateurs. L'arabo-littéraire Kaïs Saïed « ne représente que lui-même » selon d'autres. Ce juriste sexagénaire ultra-conservateur rejette l'establishment politique de l'après Ben Ali.


Connu pour ses idées politiques d'une autre ère - il est contre l'abolition de la peine de mort en Tunisie, en faveur de textes législatifs punissant l'homosexualité, pour la pénalisation de la relation hors mariage, contre l'égalité en matière d'héritage... -, Kaïs Saïed s'érige en pourfendeur de la liberté et du droit, et en prince-héritier du système anti-corruption au plus haut degré de l'État. Lui qui n'en fréquente pas les ors, il prétend se terrer dans un appartement en ruine au cœur de Tunis, la capitale.


Papier glacé ou parchemin

Les quelque 7 millions d'électeurs tunisiens doivent choisir, dimanche 13 octobre 2019, entre deux candidats : l'un sur papier glacé, l'autre sur parchemin au goût de pain rassi.

Près de dix ans après la Révolution du Jasmin, l'ensemble des scrutins ont exprimé jusque-là le ras-le-bol de la classe politique et dénoncé l'immobilisme de celle-ci.

Si les élections successives ont libéré la parole du peuple tunisien, les hommes de la Kasba l'ont appauvrie, en privant de pain les plus fragiles. Eux qui sont toujours dans l'attente de blé (!) et d'avancées sociales.


Jacques BLEUZE




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