Un président au-dessus de tous

« Je ne suis pas BCE, je suis le président de la République ! », rappelle le chef de l'État en guise d'avertissement à son Premier ministre

Le remaniement ministériel « imposé » par le Premier ministre Youssef Chahed ne fait pas l'unanimité dans la classe politique. Chez les sympathisants et les opposants de tous bords et de toutes confessions, il suscite ici de vives critiques, là des polémiques, et soulève à tous les endroits une volée de bois vert au moment où la Tunisie a besoin de sagesse et de raison.

« Précipitation et politique du fait accompli »

Le premier à refuser « la démarche » de Youssef Chahed, c'est le président de la République lui-même. Beji Caïd Essebsi « refuse la précipitation et la politique du fait accompli », a-t-il fait savoir jeudi 8 novembre 2018, lors d'une conférence de presse organisée trois jours après l'annonce de la nouvelle composition du gouvernement, qui voit la moitié de ses ministres remerciés et autant entrer, prendre de nouvelles fonctions quitte à passer outre des conflits d'intérêt, selon certains observateurs.

« On a dépassé les limites ! »

Le plus grave n'est pas que certains députés de l'ARP menacent de « faire sauter le gouvernement » mais l'autorité et la détermination affichées par Beji Caïd Essebsi : « Les limites ont été dépassées », a-t-il affirmé lors de son intervention devant les journalistes. « Non, le président de la République n'est pas le facteur entre le gouvernement et le Parlement », a-t-il rappelé vertement au cours de la conférence de presse. « Je suis au-dessus de tout le monde. Je ne suis pas Beji Caïd Essebsi, je suis le président de la République ! »

Et de reconnaître parallèlement qu'il « n'a pas eu le temps d’examiner les noms » proposés par le chef du gouvernement pour le remaniement ministériel d’autant plus qu’il existe des noms que « je ne connais même pas ».

J.B.