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Nouveau jeu de cartes

  • Photo du rédacteur: Jacques Bleuze
    Jacques Bleuze
  • 12 oct. 2021
  • 4 min de lecture

Le 25 juillet 2021, le président Saïed mène l'opération mani pulite. Le 11 octobre, la Tunisie redistribue les cartes pour un nouveau jeu...


Le 25 juillet 2021, le président de la République Kaïs Saiëd décide de déclencher l'opération « mains propres ». C'est l'heure du « Grand-Ménage » : plus de gouvernement, plus de Parlement... Limogeages à tout va jusqu'au plus petit rouage de l'État. C'est un véritable séisme qui s'abat sur l'ensemble des instances du pays. Un coup de Karcher... Plus rien, si ce n'est le président, et rien que le président. C'est Saïed qui décide de tout avec force décrets.


Entre manifestations de soutien au président de la République, sit-in et autres mécontentements exprimés dans la rue contre le nouveau régime présidentiel instauré par le président Saïed lui-même, la Tunisie est demeurée silencieuse pendant tout l'été. Exsangue mais pas inactive.

Après la nomination d'une femme Premier ministre - la première à la tête d'un gouvernement tunisien - et la constitution d'une nouvelle équipe gouvernementale (9 femmes ministres), l'espoir renaît. Le pays croit en un nouvel essor. Les cartes seraient-elles redistribuées pour une nouvelle partie ? Mais à quel jeu joue-t-on ?


« Tout va redevenir mieux qu'avant. »
Azdine Ben Yacoub

Azdine Ben Yacoub, président de l'association Carthage, créateur d'événements sportifs et culturels, ambassadeur de la destination Tunisie et du tourisme saharien, fait le pari que « tout va redevenir mieux qu'avant ».

Entretien.





Comment avez-vous vécu cette période incertaine de transition ?

« On a vécu cette période d’une façon très sereine. Nos institutions ont fonctionné parfaitement durant celle-ci. Je voudrais rendre hommage à nos fonctionnaires et à notre administration, notre Police nationale, notre Garde nationale et surtout à nos militaires. Quant aux pseudo sit-in et autres mécontentements exprimés dans la rue, c’est par une poignée de traîtres à la Nation, renforcés par une gauche caviar, des islamo-gauchistes et des islamo-fachistes, qui ont perdu tous leurs privilèges (...)

Le 25 juillet 2021 restera une date historique et salvatrice pour la Tunisie. Nous, peuple tunisien, saluons cette courageuse décision du président de la République, Kais Saied. Il n’a jamais été question d’un coup d’état comme certains médias l’ont affirmé.

Nous avons actionné l’Article 80 de notre Constitution, qui pourtant a été faite sur mesure par - et pour - les nahdhaouis (NDLR, islamistes). Une coquille s’est glissée, et on en a profité pour sauver la Mère Patrie, la Tunisie. La fermeture de l’ARP (NDLR, l'Assemblée nationale) et le limogeage de tout le gouvernement ont été très bien perçus par les Tunisiens. Le peuple a été en osmose avec le président de la République.


« La corruption est à tous les étages. »

La corruption est à tous les étages, à tous les niveaux, dans tous les ministères et surtout à l’Assemblée nationale. Pendant ce temps-là, le peuple meurt de faim. Ces pseudos élus et le gouvernement n‘ont pas été capables de gérer la pandémie alors que l’OMS nous a octroyés gratuitement des millions de doses. Les Tunisiens n’ont jamais pu en bénéficier, ou alors très peu.

Le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne (UE) nous prêtent de l’argent pour redresser le pays. Mais plus ça va moins ça va. Les caisses sont vides. Les nombreux attentats de 2015 à Tunis et à Sousse, les assassinats politiques ainsi que les attentats perpétrés contre nos militaires et la police de la Garde républicaine ont été orchestrés par les Frères musulmans d’Ennahdha, avec à leur tête le cheikh Rached Ghannouchi, un Machiavel en puissance (...) Les Tunisiens ont toujours eu confiance en la personne du président de la République. »


« Un pays où toutes les femmes ont leur place. »

Le 29 septembre, à la surprise générale, c'est une femme (Najla Bouden) qui est nommée Premier ministre. Une dizaine de jours plus tard (11 octobre), le nouveau gouvernement est constitué. Au total, neuf femmes emportent des portefeuilles ministériels, dont la Justice et les Finances. En outre, deux fidèles du président Saïed reste en poste, à l'Intérieur et aux Affaires étrangères... Touche personnelle du chef de l'État ou écran de fumée en nommant une femme à la tête de la Kasbah ?

« Il n’y a aucun écran de fumée ! Kaïs Saïed a une culture bourguibiste et est dans la continuité également de la politique du président Ben Ali où les femmes ont toute leur place (...) La femme tunisienne est pionnière dans beaucoup de domaines. Elle a une réussite exceptionnelle (...) Une femme Premier ministre est une première dans un pays arabo-musulman. Sa nomination a été saluée par de nombreux pays et évidemment par le peuple tunisien. Neuf autres femmes composent le gouvernement du 11 octobre 2021. Elles occupent désormais les ministères régaliens. C’est une très bonne chose. Pourvu qu’on réussisse à enrayer et éradiquer la rachoua , la corruption ! »


« L'agriculture devant le tourisme. »

L'économie tunisienne est en berne, la croissance a du mal a redécollé, le tourisme peine à repartir, les caisses de l'État sont vides... Il reste à trouver près de 3 mds €. Quel avenir pour la Tunisie ?

« La principale ressource en Tunisie n’est pas le tourisme mais l’agriculture. Peu de gens le savent ! C'est vrai que le tourisme est une manne importante pour l'économie tunisienne mais ce n'est pas la seule (...) Je reste optimiste, la machine va repartir. Certes, nous avons été bloqués à la fois par toute une série d'attentats depuis 2015 et par la pandémie de la Covid, mais la Tunisie est une destination appréciée - surtout - par plus de cinq millions de Français par an.


Nous sommes à une heure de l’Europe. Nous parlons plusieurs langues et surtout le français : aucun dépaysement garanti (...) La Tunisie, c'est plus de 1 300 km de côtes et de belles plages. C'est également le désert qui est magnifique et magnétique. Enfin, la Tunisie c’est 3 000 ans d’histoire. Et nous sommes à la veille de l’organisation du Sommet de la Francophonie (NDLR, 20 et 21 novembre 2021) sur l' île de Djerba, mon île natale. Je fais le pari que tout va repartir, avec le soutien du peuple tunisien, mieux qu'avant. Nous allons réussir ! »


Propos recueillis par Jacques BLEUZE





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