Tunis est devenue une poubelle

Photo © Slim Abidi Mkachakh -BN

On voit fleurir des sacs en plastique un peu partout en Tunisie. Des bouteilles vides inonder le sol, boucher les égouts... Et les rats continuent à errer !

Des décharges à ciel ouvert qui regorgent d'immondices et vomissent nos excès en tout genre : face à la situation environnementale préoccupante en Tunisie, les autorités assurent vouloir agir « pour que la situation change ».

Alors que la fin du mois de ramadan a sonné, l'Aïd el-Fitr et ses trois jours de festivités qui lui succèdent, les rues de Tunis offrent une vision peu glorieuse de la Tunisie au lendemain du mois sacré. Elles laissent derrière elles une image dégoûtante. Comme si un tsunami était passé par là...

Rien que de très ordinaire ! Juste une habitude ! Celle de commerçants et de consommateurs peu scrupuleux.

On se laisse aller ! Ce n'est rien que de rappeler que la situation environnementale s'est fortement détériorée en Tunisie depuis plusieurs années, avec ses conséquences sur la qualité de vie des Tunisiens et l'image sur le tourisme qu'elle véhicule. Alors oui, on peut expliquer cette situation. Pointer du doigt l'administration. Remonter jusqu'à la Révolution du Jasmin (2011) et entendre le parti des écolos nous expliquer que « l'environnement en est la première victime ». Balivernes ! Ce n'était pas mieux avant ! C'était déjà « dégueulasse » ! On espérait la tenue d'élections locales au printemps dernier. Elles n'auront lieu qu'au mois de décembre 2017... En attendant, on se laisse aller et on continue à larguer ses ordures ménagères, comme bon nous semble, sans se soucier outre-mesure des sanctions éventuelles (peines de prison de trois mois maximum et d'amende jusqu'à 1 000 TND/360 €).

La capitale irrespirable

Le centre de Tunis est devenu une poubelle. Il ravit les errants ! Même le parc du Belvédère (véritable poumon vert de la capitale) est devenu irrespirable. Chaque année, les Tunisiens (11 millions d'habitants) produisent environ 2,3 millions de tonnes de déchets ménagers et utilisent près d'un milliard de sacs en plastique non recyclables, selon des chiffres officiels. Seuls 80 % de ces déchets sont enfouis sur une quinzaine de sites répertoriés. Le reste finit dans la rue... La volonté d'interdire la distribution de sacs en plastique non recyclables est réelle mais on attend toujours sa mise en application.

« Faut changer... On s'en fout ! » « Tout le monde est convaincu qu'il faut changer (...) », reconnaissent les autorités. La mise en place d'une unité de valorisation des déchets ménagers sur l'île de Djerba, est un projet pilote qui devrait voir le jour... en 2018 (?)

D'ici là, un autre ramadan aura passé et le triste spectacle de rues jonchées de détritus continuera à alimenter la triste réalité d'une carte postale vieillotte et jaunie par l'incivilité et le « j'mens-foutisme » des Tunisiens.

A.D.