Tunis frappé par le terrorisme
- Rédaction TUNIS
- 30 oct. 2018
- 3 min de lecture

Un nouveau bilan fait état de vingt blessés après l'attentat-suicide perpétré par une femme au centre de la capitale tunisienne, visant des policiers
« C'est une tragédie », a déclaré le président tunisien Béji Caïd Essebsi, soulignant que « le terrorisme est toujours présent au cœur de la capitale (Tunis, NDLR) » après l'attentat-suicide qui a frappé le centre de Tunis, lundi 29 octobre 2018, en début d'après-midi.
Le bilan est de vingt blessés, dont quinze policiers qui étaient en faction sur l'avenue Habib-Bourguiba, la principale artère du centre de la capitale tunisienne, devant le plus grand centre commercial de Tunis (Palmarium), à proximité du théâtre municipal de Tunis et de l'ambassade de France, non loin de l'hôtel d'affaires Africa.
Cinq interpellations
L'auteur de cette attaque kamikaze, inconnu des services de police pour des « faits extrémistes », selon une source proche de l'enquête, est une femme âgée de 30 ans, identifiée comme étant Mouna G. Elle serait originaire de Madhia (centre-est Tunisie).
Cinq personnes qui pourraient être impliquées dans cette attaque-suicide auraient été interpellées, dont plusieurs femmes, selon des témoins.
Nouvelle attaque
C'est la première fois depuis le 24 novembre 2015 que Tunis est la cible d'un attentat, lorsqu'une attaque-suicide revendiquée par l'État islamique (EI) contre un bus de la garde présidentielle en plein centre-ville a fait douze morts.
Quelques mois plus tôt, le 18 mars 2015, toujours à Tunis, deux hommes avaient ouvert le feu à l'arme automatique sur des touristes qui se rendaient au musée du Bardo, avant de les pourchasser dans le bâtiment. 21 touristes et un policier tunisien ont été tués dans cet acte également revendiqué par l'EI, tout comme l'attentat perpétré par un kamikaze en juin 2015 sur une plage, visant un hôtel près de Sousse (côte est), qui avait coûté la vie à 38 touristes.
H.B.
Pas d'autre choix,
ni d'autre voie...
La longue série d'attentats qu'a connu la Tunisie depuis 2015 a durement fragilisé le tourisme, un secteur vital pour la Tunisie (70 % de l'économie tunisienne). Elle a contribué à ébranler le processus démocratique né de la Révolution du Jasmin (2011) contre le régime de Ben Ali.
Le retour à l'amélioration des conditions sécuritaire constaté en 2016 a permis à l'industrie touristique de connaître une embellie au cours de l'année suivante et, surtout, de voir revenir les touristes en 2018, particulièrement lors de cette dernière saison estivale, où l'on estime à plus de trois millions le nombre de visiteurs.
Toutefois, ce sursaut ne peut masquer la réalité à laquelle les Tunisiens sont confrontés. Les réformes sont à l'arrêt. Quand le gouvernement ne vacille pas, il est chahuté par des querelles de partis et des conflits d'intérêts personnels.
L'économie du pays continue à se dégrader. Les prix ne cessent d'augmenter et le chômage de s'accroître, notamment parmi les jeunes dans le centre et le sud du pays. L'extrémisme religieux est plein essor (3 000 Tunisiens auraient rejoint l'État islamique et d'autres groupe jihadistes en Irak, Syrie et Libye)...
Le Premier ministre tunisien, Youssef Chahed - neuvième chef de gouvernement depuis la révolution de 2011 - est actuellement sous pression. Plusieurs voix s'élevent pour réclamer un remaniement... Quand on nourrit la colère, elle gronde. Puis, un jour elle se retourne contre ceux qui l'ont alimentée. Les prochaines élections (législatives et présidentielle) en 2019 pourraient être cruciales. La Tunisie n'a pas d'autre choix, ni d'autre voie que celle de se réformer. En commençant par la tête du pouvoir.
Jacques BLEUZE
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