La question est récurrente et les chiffres contradictoires. On annonce le retour des touristes français en Tunisie, à coup... d'absurdités
La question est récurrente et les chiffres contradictoires. À tout le moins absurdes autant qu'invérifiables. Ici ou là, on annonce le retour des touristes français en Tunisie, à coup de milliers, voire de millions... Il ne se passe pas un trimestre sans que les médias TV, diffusent un reportage sur ce retour programmé du tourisme en Tunisie, à l'image du reportage du 20 Heures de France 2 (lundi 13 février 2017). À une exception près : la réalité est loin de l'image vendue.
Un problème de logique
« Deux fois plus de touristes en 2012 qu'en 2014 (...) Et deux fois plus encore en ce début d'année 2017 (...) »Sur la base de 7 millions de touristes comptabilisés en 2012, on devrait logiquement atteindre la barre des 21 millions de touristes (dont 500 000 Français) à la fin de cette année ! Sauf que les décors de cartes postales des tour-opérateurs et autres spécialistes du renouveau touristique en Tunisie ne correspondent pas à la réalité sur le terrain.
Le ciel tunisien n'est pas sans nuages, contrairement à ce que prétendent les professionnels : sécurité, environnement, qualité de services... font encore défaut !
Deux fois plus de sécurité et deux fois moins de qualité : le résultat affiche quatre fois moins de touristes au compteur. Où est la logique ?
Une hausse annoncée... Une baisse constatée
Pas un commentaire sans souligner la reprise du tourisme balnéaire en Tunisie (à Djerba, principalement) et la hausse croissante des arrivées sur le sol tunisien. La réalité est, que depuis 2010, la chute est vertigineuse : - 80 % pour l'année 2016.
Au cours de l'été 2014, les séjours à la semaine (all inclusive) étaient vendus en moyenne 540 €/personne. Pour les les vacances d'hiver 2017, le même complexe hôtelier la propose à... 280 €/personne.
Pourtant, on continue d'affirmer qu'« on n'a pas besoin de casser les prix pour faire revenir les Français en Tunisie ! » La demande « est suffisamment grande et le taux de fidélité important, voire exceptionnel », assure-t-on. Suffisant en tous cas pour ne pas rogner sur la qualité des services ? C'est oublier que 20 % des hôtels de l'île de Djerba sont fermés depuis les attentats de 2015.
Une carte postale jaunie
La politique et la communication du ministère tunisien du Tourisme sont obsolètes. Les professionnels du tourisme leur emboîtent le pas. Pire, ils se font l'écho d'informations tronquées, en se frottant les mains, ou en grimaçant. À l'instar de certains : « Le ministère pratique la politique de l'autruche : la tête dans le sable ! », constate un professionnel du tourisme. « Même les flamants roses volent sur le dos pour éviter de voir ce que leur île est devenue ! », commente-t-il avec humour.
La carte postale a jauni et les nuages s'amoncellent au-dessus du ciel tunisien. Quelque 2 millions de Tunisiens (20 % de la population) vivent du tourisme. Pour eux, le retour des Français en Tunisie n'est qu'un lointain espoir, « alors qu'ils étaient notre première clientèle ». Loin, très loin, de ce qu'ils vivent au quotidien.
« Soyons opérationnels ! », lançait dernièrement un responsable politique.
La bataille qui oppose l'islam politique et le tourisme occidental n'est (toujours) pas gagnée. Il faut réinventer le tourisme en Tunisie. Surtout... se retrousser les manches !
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