État où-t'es ?
- Admin
- 29 avr. 2017
- 3 min de lecture

Selon le ministère de l'Intérieur, « tout est calme » dans le pays. Et les infos qui circulent sur le net sont... « inventées et fabriquées (...) »
Le ministère de l’Intérieur met en garde en garde les Tunisiens contre « les rumeurs et les affabulations » qui circulent un peu partout sur internet et les réseaux sociaux. La gronde qui gagne jour après jour la Tunisie, remettant en question de facto la situation sécuritaire dans le pays, est « inventée (...) fabriquée (...) » Selon son porte-parole, Yesser Mesbah, « le calme est revenu partout ».
A minima, ce dernier reconnaît du bout des lèvres qu'« il y a eu des protestations et des manifestations » ces dernières semaines et ces dernières vingt-quatre heures. Et d'ajouter : « La situation n’est pas aussi désastreuse que ce qu'on en dit ! »
« La situation à Tataouine n’est pas aussi tendue qu’on le croit », affirme Yesser Mesbah, précisant qu’« il faut être vigilant et ne pas croire toutes les informations propagées sur la toile qui sèment la panique et le doute ».
« La situation maîtrisée »
Hier encore, les reportages (photos/vidéos) de nos correspondants dans la région témoignent de l'exact contraire. De Matmata, Tataouine, Douz, Kairouan, Gabès, Gafsa... les images des mêmes scènes qui nous parviennent prouvent que la réalité du terrain est loin de croiser le discours officiel.
Les autorités tunisiennes évoquent « le retour au calme total » et « une situation sécuritaire parfaitement maîtrisée »... À la nuance près que les Tunisiens ne sont pas d'accord avec cette analyse-là. Et qu'ils le font savoir, même si on peut discuter de l'art et de la méthode pour le faire entendre.
Nul besoin d'être un expert pour comprendre qu'à la veille de l'ouverture la saison touristique estivale, les effets (efforts ?) d'annonce et autres statistiques publiés ces dernières semaines, réduisent au silence tout envie de protestations sociales en Tunisie.
« Le calme règne partout en Tunisie, et il est désormais possible de circuler librement », martèle le ministère de l'Intérieur. À quelques exceptions (majoritaires) près !
Le Sud veut son indépendance
Cependant, on ne peut pas rester sourd à ce que beuglent les manifestants : « C’est notre pétrole. Nous y avons droit avant le reste du pays ! Nous voulons notre droit, sinon nous proclamerons notre indépendance de la Tunisie ! »
Cellules syndicales (UGTT et Utica, en tête) et partis islamistes (Ennahdha) soutiennent ce mouvement populaire venu du Sud.
« Sur le fond, les revendications pour de meilleures conditions de vie se tiennent. Réclamer de l’État du développement, de s’occuper de sa région, de trouver des solutions à la pauvreté et au chômage est un droit », souligne notre consœur, Ikhlas Latif, dans son éditorial du 28 avril 2017 (Businessnews.com.tn).
« En Tunisie, la disparité est telle qu’un fossé s’est creusé avec ces régions laissées pour compte et qu’un grand sentiment d’injustice a poussé les jeunes au désespoir », poursuit-elle.
« Toutefois, ces mouvements ont vite fait d’être récupérés politiquement. La manipulation n’est pas bien loin. Contester, revendiquer oui, mais non à l’anarchie ! »
« La part du butin »
Le sous-développement économique et social de ces régions du Sud, et le chômage massif qui continue de grimper, ne peuvent justifier à eux-seuls la prise en otages de tous les Tunisiens.
Ce que réclament les manifestants n'est ni plus, ni moins que 20 % des ressources économiques (pétrole, phosphates, agriculture, tourisme) du pays, au titre de l'intéressement sur les bénéfices que l'État encaisse.
« Les manifestants ne veulent rien entendre (...) Ils n’ont rien à cirer des mesures ou des solutions avancées (1 000 emplois et 64 projets de développement économique et social, NDLR). Ils ne veulent que leur part du butin », dénonce Ikhlas Latif.
« Suivant cette mentalité, les habitants de Gafsa peuvent réclamer 20 % des revenus du phosphate, ceux du Nord-Ouest des revenus des céréales, les habitants du Sahel leur part de la production de l’huile de l’olive, ceux de Nabeul les entrées du tourisme (...) Ils veulent racketter l’État (...) jusqu'à ce que l’État disparaisse », conclut-elle.
A.D.
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