top of page

Une femme d'honneur !

  • Abigail FERRY-DENAL
  • 19 mai 2017
  • 3 min de lecture

Harceler une femme dans la rue pourra désormais être poursuivi devant un tribunal. Jugement : une peine de prison ferme et/ou une peine d'amende

Tout harcèlement d’une femme dans la rue (?) « par la parole ou (...) l’acte » pourra désormais être poursuivi devant une juridiction pénale. En outre, ce délit pourra être passible - à l'issue d'un débat contradictoire et d'un jugement prononcé par un tribunal - d'une peine de prison (ferme) d'une durée de trois mois et/ou d'une peine d'amende a minima de 500 TND (190 €).

À tout le moins, c'est ce que prévoit l’Article 16 - « ciblant toute agression pouvant atteindre l’honneur d’une femme, sa dignité ou sa pudeur » - de la nouvelle loi « relative à la violence contre les femmes », votée en commission à l'ARP et actuellement « en cours d'examen » par les députés.


Voilà de quoi relancer le débat sur l'inégalité entre hommes et femmes (emploi, salaire, scolarité, formation...) dont on parle beaucoup mais que d'aucuns espèrent qu'une loi ne soit jamais appliquée.

En France, la Journée nationale de la jupe, organisée vendredi 19 mai 2017 dans les lycées, « pour dénoncer cette inégalité récurrente entre hommes et femmes », prend une allure festive, identique à un défilé de carnaval. On imagine difficilement - en Tunisie - l'organisation d'un tel cirque..!


« Au final, il n'en restera... qu'une ! »

Si le prétexte à lancer cette opération est à saluer (voire à en rire ou se moquer !?), il n'en demeure pas moins que, dans le système éducatif, « les filières scientifiques, techniques et professionnelles restent fermées aux filles ». Et nul besoin de se transporter de l'autre côté de la Méditerranée pour le comprendre.

Un enseignant français, en lycée professionnel et technique témoigne, amer : « Sur 180 élèves du LEGTA (lycée d'enseignement général et technique agricole, NDLR), seules cinq filles figurent sur les listes (...) À la rentrée prochaine, elles ne seront plus qu'... une ! »

« Force est de constater qu'elles (les filles, NDLR) n’y vont jamais ! Ou alors, elles le quittent ! »


La « théorie du genre » développée par certains, idéologues et autres politiciens, oppose les pros et les antis. La Manif pour tous, mouvement qui s'est mobilisé en France « contre la loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe », a généré de nombreux incidents. « On est passés à côté du message principal, qui est la lutte contre le sexisme, donc on veut relancer l’initiative », observe une militante. « L'organisation d'un tel événement en Tunisie n'est même pas concevable ! »

Peine de prison et/ou d'amende, en Tunisie, « pour harcèlement (...) ne changera rien au sexisme de rigueur dans le pays (...) Les hommes continueront à tenir la terrasse des cafés. Et les femmes seront toujours asservies : '' Nourrir. Entretenir. Servir. '' Telle est leur devise imposée ! »

« Les hommes sont pareils aux ânes ! »

L'« impouvoir » de la femme tunisienne relève de « l'identité confessionnelle et constitutionnelle imposée par l'homme (...) Contrairement aux déclarations d'intention et à l'amendement acté dans la Constitution. La femme dans la société tunisienne n'est (toujours) pas l'égale de l'homme dans les faits. Elle ne le sera jamais tant que les hommes demeureront des ânes ! Pareils (...) En réalité, la femme tunisienne (ne) lui est (que) complémentaire (...) » C'est même ce qui a conduit à d'âpres négociations afin d'amender l'Art. 45 sur les droits des femmes. La proposition était consensuelle. Elle est désormais actée : « L'État garantit les droits acquis de la femme et oeuvre à les soutenir et à les développer. Il garantit l'égalité des chances entre l'homme et la femme dans l'exercice des différentes responsabilités. Il oeuvre à la réalisation de la parité dans les assemblées élues. L’État prend les dispositions nécessaires à l’élimination de la violence qui s’exerce contre la femme ».


Dans les faits, rien de tout cela. Que du bla-bla ! Ce n'est pas une proposition de loi contre le harcèlement - seulement « dans la rue (...) par la parole ou l'acte (...) » - qui ramènera les hommes à la maison à défaut de vouloir les ramener à la raison. « On nage dans le vide puisqu'on navigue est dans le flou ! »

Cette nouvelle loi ne constitue pas une « garantie » mais un « objectif ». Un autre accouchement dans la douleur... La seule prérogative accordée aux femmes. En terme de reconnaissance, on peut faire mieux, non !?



A. F.-D.










Comments


bottom of page