Sport, tourisme et... politique
- Admin
- 12 nov. 2017
- 3 min de lecture

L'annulation du Marathon des Oasis devient une affaire politique. À tout le moins, elle prend des allures d'un règlement de compte. Mise au point
Ici ou là, de part et d'autre, on entend gronder le tonnerre. Le ton monte sur les réseaux sociaux. Les propos sont teintés d'amertume et de beaucoup d'agressivité. Ce qui ne devrait être considéré que comme un loupé prend une autre tournure. Celle-là est politique. Une autre allure, celle d'un règlement de compte.
À ceux bien intentionnés, qui brusquement se manifestent ou refont surface, montrent du doigt « la stupidité de certains bureaucrates tunisiens » (...) qui vivraient à les croire « confortablement assis sur les deniers que le pauvre contribuable verse avec peine à l'État »... De les traiter sans (aucune) retenue de « microbes » et de « nuisibles »... De dénoncer que « plutôt que de servir la société, ils s'en servent (... ) » Et autres amabilités... : rappelons que charité bien ordonnée commence par soi-même ! La manière dont ils s'occupent d'eux-mêmes n'est pas sans rapport avec celle dont ils s'occupent des autres.
Aux autres qui prétendent que la Tunisie conchie le tourisme sportif et culturel, lui préférant le football, nous nous devons de rappeler que les Aigles de Carthage viennent de gagner leur qualification à la Coupe du Monde 2018, en Russie. Et ce n'est pas un simple anecdote. Douze années à espérer...
D'affirmer que les responsables politiques « se foutent des marathons et autres manifestations sportives ou culturelles, qui contribuent au tourisme alternatif » en Tunisie, c'est (évidemment) faux !
Sans prétendre vouloir fournir une liste exhaustive de ce genre d'événement, nous en avons néanmoins relevé pas moins de 15 pour l'année 2017-2018, dont plus de la moitié ont déjà eu lieu.
Déception
Que la déception soit grande, nous la partageons ! Nous avions mis en place, à notre modeste niveau, un dispositif imposant afin de rendre compte en temps réel de l'événement. Nous avions convaincu de nombreux partenaires, en France comme en Tunisie, de nous accompagner dans cette aventure. Nous avons soutenu l'équipe organisatrice, et engager nos propres moyens pour contribuer à la promotion de l'événement.
Très loin de nous satisfaire d'une décision administrative, telle qu'elle nous a été présentée, nous nous devons, néanmoins, de la respecter. Même si cela nous coûte, nous n'avons aucun devoir de la commenter. Il n'a pas été facile d'annoncer à nos partenaires l'annulation de la course, et d'entendre leur déception.
Après mûre réflexion, cela ne nous regarde pas. Comme elle ne concerne pas davantage ceux qui tentent de récupérer l'annonce de l'annulation du Marathon des Oasis à des fins personnelles et politiques, ou tentent de régler des comptes à travers elle.
Les Tunisiens ont mieux à faire que de se lamenter sur leur propre sort ! Les élections municipales, initialement prévues en décembre 2017, devraient avoir lieu le 25 mars 2018. Elles concernent d'abord la vie quotidienne des Tunisiens. Seront-ils (plus) nombreux à exprimer à cette occasion leur déception de voir les services et les infrastructures du pays se dégrader à la vitesse d'un dromadaire au galop que leur regret de voir disparaître pour une année supplémentaire une course 100 % trail dans le sud tunisien ?
Plutôt que de se lamenter sur l'annulation d'une parenthèse festive, dans un environnement devenu pitoyable, ils feraient mieux de se retrousser les manches et de commencer par balayer au pied de leurs portes...
On ne les entend guère manifester leur désarroi quant à la situation environnementale qui perdure depuis plusieurs années sur l'île de Djerba, devenue « L'Île de Saleté ». Pas davantage, non plus, sur la crasse qui inondent les rues et les ruelles de toutes les grandes villes du pays. Encore moins sur ces hôtels de luxe, aux capitaux venus de Libye, d'Égypte, d'Arabie Saoudite et du Quatar, qui colonisent le Sud.
Les élections présidentielle et législatives auront lieu en 2019. D'ici à ces échéances, on a le temps de nous revoir. Avec une meilleure copie...
A.D.
Comments