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Trabelsi « accuse »...

  • Photo du rédacteur: Jacques Bleuze
    Jacques Bleuze
  • 11 nov. 2018
  • 3 min de lecture

mediafrancepresse - René Trabelsi - Photo d'archives

Le ministre se prend pour Zola. Préparez vos mouchoirs ! Quand Chahed demande à Trabelsi

de rendre le sourire à la Tunisie... Nous, on pleure

La longue diatribe adressée par René Trabelsi à l'un de nos e-confrères, et dont nous avons reçu copie, nous émeut et nous attriste. Publiée sous le titre « J'accuse... », la tribune du ministre du Tourisme et de l'Artisanat n'est pas sans rappeler la lettre ouverte d'Émile Zola publiée dans les colonnes de l'Aurore, en 1898, à propos de la condamnation à perpétuité de l'officier français Alfred Dreyfus, de confession juive - lui aussi -, accusé à tort d’avoir livré des documents à l'Allemagne.


Ce rappel historique s'impose avant tout autre considération de quelle que nature qu'elle soit. Passé le bavardage du tout-nouveau ministre employant au détour de son phrasé à peine écrit par lui-même, confessant ne posséder comme tout diplôme qu'un bac-4, on lit d'abord, on s'interroge ensuite. Au final, on pleure !


Du Zola dans le texte

« À la faveur du dernier remaniement gouvernemental, j’ai été désigné par monsieur Youssef Chahed, pour pallier (à) une vacance à la tête du ministère du Tourisme », écrit René Trabelsi.

On passe les fautes de français, la conjugaison de jadis, le style ampoulé de naguère : « Ma joie des premiers moments correspondit à un sentiment de reconnaissance par mon pays (...) Être choisi parmi ses concitoyens pour servir l’État à une échelle aussi grande me combla, je me sentis honoré (...) » Du Zola dans le texte, vous dis-je... C'est énorme !


Plus de sobriété et de simplicité dans le verbe eurent été préférables à la clarté du discours, qui se serait aisément passé du style déclamatoire : « L’élan favorable (...) est d’ailleurs à ce point prépondérant sur les misères (...) que j’aurai pu les ignorer sauf que je tenai, moi qui ai toujours privilégié le silence, ce silence du labeur, à ne pas me taire cette fois-ci… car en filigrane de tout le débat autour de ma personne gît la question embarrassante de la judéité (...) en terre musulmane. »


On ne comprend rien à ce que vous dites...

Le discours est incompréhensible, la profession de foi un acte de constriction : « (...) Comme je n’aimerai pas que ma judéité soit un motif de rejet, je n’aimerai pas qu’elle soit non plus un motif folklorique de soutien. Soutenir ma nomination uniquement parce que je suis juif serait faire du tort à la Tunisie et me faire du tort. Ma judéité n’est ni fardeau ni folklore… Elle est ! »

C'est en raccourci l'histoire de madame Chombier, à la maternité, à qui on demande de pousser fort pour ressentir après l'accouchement « la joie des premiers moments ».


« On rejette ma nomination pour des motifs en lien avec mon niveau scolaire, mes activités dans le tourisme et ma qualité de résident étranger... Éluder la question du livre saint sur lequel je prêterai serment est certes signe de délicatesse mais quelque part de honte (...) Je comprends que l’on m’ait accusé, à tort, de porter la nationalité israélienne, juste pour me discréditer (...) Je ne vous demande pas de me soutenir juste pour honorer ma judéité et celle de mes coreligionnaires Habiba Msika, Young Perez, Albert Scemmama Chikli, Jules Lelouch, Guy Sitbon, Georges Adda... »


... Mais vous êtes vous, et c'est cela qui compte

« J’ai accepté ce poste car j’ai une vision pour le tourisme tunisien, en homme de terrain qui a travaillé pendant des décennies sur la destination Tunisie, qui est conscient des points forts comme des faiblesses de cette destination », poursuit René Trabelsi dans cette tribune. « J'ai quitté la Tunisie comme ce presqu'un million et demi de nos concitoyens qui constituent la diaspora tunisienne. Je l’ai quittée non par désamour ou par indifférence mais, comme eux, pour travailler... Y a-t-il un mal à cela ? Aucun (...) Ma communauté l'a quittée meurtrie au point d’ériger une Tunisie là où elle va par la perpétuation de toutes les traditions, les chants, les mets et la langue qui nous lient nous Tunisiens d’une manière indifférenciée ! »


J.B.




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