Être con et le rester

C'est sûr. C'est décidé... Je suis con. (Pas malheureux.) Et je le reste. Rassurez-vous, on passera tous de l'Autre-Côté

J'ai tout entendu et tout essayé. Depuis des années. Pourvu que ça dure ! À la sortie, rien de neuf ou de nouveau. Que du certifié. Pas toujours conforme. Mais du solide. Pas toujours aux normes parce que pas ajusté.

Je repasse une période de ma vie au fer chaud. Je brûle les manches, le col et les coutures pour tanner les étapes. Je repasse le pli de ce qui est pliable. Je repense à ce qui est reposé, à tout ce qui relève de l'impensable. J'imagine l'immoral. Pour trouver des excuses à tout, et excuser tous ceux qui m'ont quitté.

Repasser en accéléré les moments douteux, les instants douloureux. Je feins d'oublier et pourtant je me souviens. Bibelots et reliques, nous passerons tous au rayon des anecdotes et accessoires.

Longue vie

Je ressorts du placard de l'entrée la planche à repasser. Le vieux fer. Comme un fusil à pierre. Deux coups. Je profite de cet instant d'incertitude que d'aucuns n'appelleront du désespoir pour aspirer... Le bouffeur de grâce qu'on m'a refilé sous le manteau. Le bel aspirateur et une pelle à gâteau... Longue vie, mon gars !

Des rushes sans importance dont je garde les meilleurs plans pour en constituer un film qui ne sera jamais celui de ma vie. Même pas une miette. Encore moins une tranche.

Je joue avec les mots pour les voir danser autour de ma tête et m'enivrer jusqu'à plus soif.

Le bonheur de ceux qu'on me jette en pleine gueule me rassure.

C'est sûr. C'est décidé... Je suis con. (Pas malheureux.) Et je le reste.

Vous ne m'aimez pas... Rassurez-vous, je ne vous aime pas non plus ! Rendez-vous de l'Autre-Côté...

J.B.